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POUR

Plus d’emplois créés que d’emplois détruits, le concept de la destruction créatrice :

Un des premiers arguments qui ressort souvent du côté des certains acteurs est que l’IA va certes détruire certains emplois, mais le nombre d’emplois créés en contrepartie sera beaucoup plus important. Cette théorie résulte du concept de la destruction créatrice, théorie inventée par l’économiste Joseph Schumpeter dans les années 1900.

 

La destruction créatrice désigne le processus qui voit se produire de façon simultanée la disparition de secteurs d'activité économique conjointement à la création de nouvelles activités économiques du fait du progrès technique. Ainsi, la perte d’emploi liée aux développements de l’IA serait une étape nécessaire d’un processus qui mènera, à terme, vers la création de nouveaux emplois. Selon cette théorie, les transformations structurelles sont à la fois quantitatives (quantité produite et nombres d’emploi) et qualitatives ( types d’activités et d’emplois). Les emplois créés seraient donc de grande qualité : stimulants, intéressants, payants et bien d'autre.

C’est dans ce sens que Yann Lecun, créateur du deep-learning s’exprime :

 

« L’intelligence artificielle va sauver des vies et créer des emplois ».

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L’Union Européenne s’exprime dans un sens similaire dans sa publication “Artificial Intelligence for Europe - Position paper” en Janvier 2019 : “AI and robotics will expand and amplify the impact of the digitalisation of the economy on labour markets and will displace and transform jobs, by eliminating some and creating others.”, que l’on pourrait traduire par "L'IA et la robotique vont étendre et amplifier l'impact de la numérisation de l'économie sur les marchés du travail et déplacer et transformer des emplois, en éliminant certains et en en créant d'autres.”.

Le succès des précédentes révolutions technologiques :

Cette théorie est par ailleurs en accord avec les considérations historiques. En effet, les autres développements technologiques qui ont précédé l’IA n’auraient pas entrainé des situations catastrophiques à l’intérieur du marché du travail, le marché du travail a su de tout temps s’ajuster. De façon analogue, Raymond Kurzweil, scientifique et futurologue, avance qu’à plusieurs reprises dans l’histoire, nous avons à maintes reprises supprimé des emplois. Et pour soutenir son argumentaire, il montre que parmi les emplois qui ont été créés en 1900, il n’en reste pas un grand nombre dans notre siècle présent. 

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Par exemple, en 1900 sur les 38% de la population qui travaillaient dans les fermes, il n’en restait en 2016 plus que 3%.

Certains diraient que c’est ce que l’IA risque de faire dans les prochaines années pour certains travailleurs d’aujourd’hui. Mais Kurzweil ajoute que son principe est que :

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« Pour chaque emploi que nous éliminons, nous allons créer plus d’emplois au sommet de l’échelle de compétences »

 

Cependant ces nouveaux emplois ne sont pas encore connus car ils n’ont pas encore été inventés. En effet, selon une étude publiée par Dell et l’Institut du Futur, 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore. Kurzweil indique qu’un certain nombre d’emplois qui sera supprimé avec l’évolution de l’IA sera également remplacée, car c’est ce que l’évolution technologique montre à travers les âges. Ce schéma étant ce qu’il nous a été donné de voir par le passé, c’est à nouveau ce qui se reproduirait avec l’évolution de l’IA.

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Ce point de vue est également partagé par Yann Lecun qui a ainsi affirmé que:

 

"Cette mutation n'est pas différente des révolutions technologiques précédentes, qui ont créé plus d'emplois qu'elles n'en ont supprimé."

 

Ainsi, cette argumentaire est repris et partagé par beaucoup d’autre acteurs comme par exemple par Jason Furman, l’un des anciens plus haut conseillers en économie du président Obama, qui avançait lors d’une conférence l’an dernier que certains emplois seront nécessairement remplacés avec le développement de l’IA, mais de nouveaux emplois seront également créés pour fournir des biens et services que les consommateurs voudront payer avec le surplus d’argent qu’ils pourront tirer de ces technologies. Furman estime que l'IA n'entraînera pas de chômage massif et a encouragé la population à adopter une vision positive par rapport à l’intelligence artificielle durant un discours à Washington. Pour Furman, ces nouvelles technologies intelligentes ne doivent pas être perçues comme des solutions qui vont prendre la place des travailleurs actuels. Depuis la période de la révolution industrielle, les gens ont toujours été inquiets quant au fait que les machines pourraient se substituer aux Hommes dans leurs activités. Mais selon Furman, ce qui se passe généralement est que les machines rendent les gens plus riches et les gens plus riches dépensent plus d’argent ce qui a pour effet de favoriser la croissance. 

Une approche collaborative “Hommes + IA” :

Un des points qui est souvent avancé est celui d’une collaboration dites “Hommes + IA” . En effet, une telle collaboration permettrait de profiter des avantages de l’IA comme l’exécution des tâches longues et répétitives ou l’analyse d’une grande quantité de données, tout en gardant une partie du travail de l’être humain. Il s’agirait alors d’une aide technique qui serait mise en place pour assister l’humain et non le remplacer. Seulement une partie des tâches seraient assignés aux robots et cela entraînerait donc une redéfinition des emplois sans un remplacement total. Il est cependant vrai de noter que certains emplois tels que les tâches répétitives effectués à l’usine par exemple seraient totalement automatisés, mais cela resterait néanmoins une mineure partie des emplois humains. Ainsi cette collaboration pourrait à terme aboutir à des conditions de travail améliorées ou les tâches seraient moins répétitives, peut-être un temps de travail raccourci.

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Les entreprises plaident le plus souvent pour cette approche "Hommes + IA” avec une utilisation concertée de l’IA et des humains et non et à leur place. Cette approche leur semble être la meilleure solution à adopter pour réussir l’intégration de l’IA tout en conservant l’apport humain et ainsi 70% des dirigeants d’entreprise aimeraient assister à une collaboration entre les hommes et les machines/robots pour dépasser les limites imposées par la nature humaine. 

Ainsi, Benoît Hamon s’exprime également dans cette optique :

 

"Au lieu de craindre le remplacement de l’humain par la machine, il faut penser la coopération humain-machine, lieu d’exploration d’une nouvelle écologie où les objets, intelligents et connectés, apportent leur aide à l’humain. “

 

ou bien encore Catelijne Muller, présidente du groupe d’étude thématique du CESE sur l’intelligence artificielle qui affirme que :

 

"l’être humain doit rester aux commandes et être en mesure de déterminer «si, quand et comment nous voulons utiliser ces technologies au quotidien”

 

ou encore Cédric Villani :

 

"La combinaison homme + intelligence artificielle est plus performante que l'homme ou l'intelligence artificielle tout seuls.”

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Certains acteurs de cette controverse tendent donc à s’accorder que la mise en place d’une alliance entre l’humain et l’intelligence artificielle serait alors la meilleure solution à mettre en place pour le futur de l’emploi. Ils soulignent cependant que pour parvenir à cette cohabitation, il faudra travailler longuement sur le partage des rôles entre les deux. À terme, la machine prendra sûrement en charge les tâches répétitives et mécaniques, tandis que l'humain se concentrera sur des tâches plus empathiques.

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CONTRE

Création destructrice : 

Un argument que les opposants de la controverse défendent est bien évidemment la création destructrice. Cette avancée technologique est différente des innovations que nous avons connu dans le passé car elle affecte non seulement les tâches manuelles mais aussi les tâches intellectuelles. De ce fait, les scientifiques considèrent que tous les métiers peuvent être décomposés et automatisés. C'est pourquoi, tous les métiers peuvent être considérés comme automatisables et remplaçables par l’intelligence artificielle. Elon Musk soutient cette idée et affirme en 2019 au cours de la World Artificial Intelligence Conference que :

 

" l’IA rendra les emplois inutiles...probablement le dernier emploi restant sera celui de développeur d’IA, et ensuite l’IA produira simplement son propre logiciel ”.

- Elon Musk, lors de la World Artificial Intelligence Conference à Shanghai, en août 2019. 

Destruction des emplois peu qualifiés : 

L’intelligence artificielle est destructrice d'emplois peu qualifiés. Un exemple médiatisé que nous pouvons évoquer sont les voitures autonomes. Les voitures autonomes sont l’une des plus grandes innovations de l’intelligence artificielle. Cependant, si d’une part les voitures autonomes présentent des bénéfices au niveau de la conduite économique et de la sécurité. D’autre part, elles menacent l’emploi de milliers de chauffeurs de taxi en raison de leur performance et leur bas coût. Cette avancée technologique pourrait aussi remplacer les caissiers et les employés de libre-service. Nous pouvons déjà constater la présence des caisses automatiques dans tous les coins du monde. De ce fait, tous les travailleurs effectuant des tâches pénibles et répétitives seront remplacés par l’intelligence artificielle comme Bill Gates l’a expliqué :

 

" Le travail d’entrepôt, la conduite, le nettoyage des locaux, il y a un certain nombre de choses qui sont des catégories d’emplois significatives qui disparaîtront certainement dans les 20 prochaines années. ”

— Bill Gates 

Destruction des emplois très qualifiés : 

Nous pouvons penser que l’intelligence artificielle touchera seulement les emplois peu qualifiés mais en réalité elle remet aussi en question les emplois très qualifiés comme les docteurs, avocats, pilotes etc... En effet, il est certain que l’intelligence artificielle remplacera les chauffeurs de taxi, de bus, de camion transportant les marchandises mais elle est aussi capable de remplacer les pilotes d’avion. La majeure partie de nos vols s’effectuent déjà en pilotage automatique alors avec le temps, l’intelligence artificielle assistera de plus en plus les pilotes jusqu’à les remplacer. Et il est clair que nous nous rapprochons de ce changement. En août 2020, l’intelligence artificielle nommé Heron System a battu à 5 reprises un pilote humain lors d’une simulation de combat aérien. Cette intelligence artificielle n’a été entraînée que pendant 2 ans mais les créateurs ont expliqué que: «Cette intelligence artificielle possède l’équivalent de 12 années d’expérience à bord d’un avion de chasse». Ce fait montre bien que l’intelligence artificielle est capable de surpasser l’homme et peut menacer également les emplois très qualifiés. Un autre domaine que nous pouvons évoquer est le domaine de la médecine. Grâce au Big Data et au Deep Learning, l’intelligence artificielle peut grandement améliorer l’analyse de l’imagerie médicale et établir de meilleurs diagnostics que les spécialistes. En outre, un autre exemple de métier très qualifié que nous pouvons citer est le métier d’avocat. En 2016, le cabinet américain BakerHostetler s’est doté d’une intelligence artificielle nommée Rose et qui est basée sur la technologie de Watson d’IBM, qui permet de répondre aux questions des avocats formulées en langage naturel. Par conséquent, comme Erwann Tison l’a expliqué dans son livre “Les Robots, mon emploi et moi” publié en 2019, nous pouvons remarquer que les emplois très qualifiés n’échapperont pas à cette avancée technologique qui s’avère être plus précise et efficace.  

“La digitalisation impactera les métiers plus intellectuels comme les avocats ou les comptables. Soit environ 23 % des actifs. C’est ainsi la première révolution industrielle qui affecte autant les cols blancs que les cols bleus.” - Erwann Tison, 18.06.2019 

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